Posté par khalfi1 le 18 juin 2020
« L’essentiel » est composé de plusieurs poèmes en prose avec des titres évocateurs, sur des sujets presque « politiques », comme ceux ayant trait à la Syrie ou à la Libye. Un autre poème comme par exemple « La machine à calculer le taux de pénétration dans l’air d’une matraque de CRS » est fort suggestif et plein de piquant. Tout le long de la lecture, on est agréablement surpris par les divers thèmes abordés, très courts, ressemblant à des maximes, à des postulats et parfois même à des leçons de morale. Quoique contenant par endroits, des définitions étanches et hermétiques.
Quand on prend la peine de lire entre les lignes qui paraissent anodines, on constate la précision du texte, la variété des phrases et des mots utilisés. Les énigmes apparemment posées sont en réalité des clés ouvrant sur des réalités concrètes et palpables. L’univers ainsi dévoilé aux profanes que nous sommes, est sans conteste, rempli de révélations sur tout ce qui nous entoure et demande des réflexions plus appropriées.
J’ai retrouvé à travers cette lecture, dix ans d’écriture de l’auteur qui nous livre sans tabou, les fonds de sa pensée. faciles à comprendre et jetés comme une bouteille à la mer. Les poèmes ne sont pas rédigés en alexandrins classiques mais la prose employée à cet effet, permet de jeter un regard vif et curieux, même s’il renferme une part de banalité, sur un monde ouvert à tous les vents. Les formes légères du texte se confondent allègrement avec les significations plus profondes des recueils mis ainsi à la disposition du lecteur averti. En tout cas, on se laisse emmener facilement par ces poèmes qui parlent d’eux-mêmes, ainsi que par les courtes nouvelles mises en chantier avec précision à la fin du livre.
Lecture à recommander pour les amateurs de ce genre de littérature.
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Posté par khalfi1 le 6 février 2011

Les vagues de la mer
Sont des baisers
Que la mer vient poser
Quand elle s’ennuie d’attendre.
Les vagues de la mer
Sont des baisers
Le sable tend sa joue
À cette femme tendre.
Le sort des marins
Est entre ses mains,
La mer est une maîtresse
Et tous les bateaux
Qui vont sur son dos,
Meurent un jour de ses caresses.
Les vagues de la mer
Sont des serpents
Que la mer vient poser
Sur les genoux des femmes;
Les vagues de la mer
Sont des serpents
Qui viennent doucement
Empoisonner leur âme,
Le sort des marins
Est entre ses mains,
La mer est une maîtresse
Et tous les bateaux
S’habillent de beau
Pour mériter ses caresses.
Les vagues de la mer
Sont des mouchoirs
Que la mer a tressé
Pour consoler les rêves
Les vagues de la mer
Sont des mouchoirs,
Dont les filles se font parfois
Des robes neuves.
Le sort des marins
Est entre ses mains,
La mer est une maîtresse
Et tous les bateaux
Qui l’ont dans la peau,
Meurent un jour des ses caresses.
Serge Lama
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Posté par khalfi1 le 4 mars 2010
Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même…
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.
…
Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs !
Le cimetière marin, Librairie Gallimard, éditeur
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Posté par khalfi1 le 30 janvier 2010
Je vous aime, gars des pays blonds, beaux conducteurs
De hennissants et clairs et pesants attelages,
Et vous, bûcherons roux des bois pleins de senteurs,
Et toi, paysan fruste et vieux des blancs villages,
Qui n’aimes que les champs et leurs humbles chemins
Et qui jettes la semence d’une humble main
D’abord en l’air, droit devant toi, vers la lumière,
Pour qu’elle en vive un peu avant de choir en terre ;
La multiple splendeur
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Posté par khalfi1 le 11 novembre 2009
Arthur Rimbaud comme Paul Verlaine, occupe une place particulière dans la poésie française. Dans ses vers se reflètent aussi bien la beauté naturelle issue des idées et des sentiments exprimés, que la beauté artistique découlant de son talent et de son génie de poète. Il s’ensuit ainsi, lorsqu’on le lit, une sorte de navigation entre deux rives d’une mer agitée par les remous émotionnels nés d’une telle lecture. A nous de méditer par exemple l’un de ses premiers poèmes, inspiré juste après la Commune et la guerre avec les Prussiens de 1870 : » A Paris, que fais-tu poète, /De Charleville s’arrivé ?/ Pars, le génie ici végète,/ Mourant de faim sur le pavé,/ »
Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, peu d’éditeurs publiaient ses écrits. Il a fallu beaucoup de temps à ses admirateurs pour rassembler et reconstituer son oeuvre. Beaucoup de textes, comme Le Bateau Ivre ne sont connus que grâce à l’aide de Verlaine. Tout cela pour dire que l’oeuvre de Rimbaud fut un peu éparse. Ses diverses ruptures chronologiques avec la succession des jours et des saisons, portent la marque d’un poète désintéressé par la célébrité ou la renommée recherchée par tant d’auteurs de son époque, mais préoccupé par une seule chose : Le temps. Et aussi une structuration non en prose comme celle de Proust, mais en recherche permanente du Temps perdu, écrite en vers.
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Posté par khalfi1 le 19 septembre 2009
Quand Reverrai-je Hélas
« J’ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes
Ai-je connu la ville où hier un attentat
Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne
Au non-sens effréné qu’on appela Cirta
C’est à douter d’un souvenir et l’Algérie
Me dit dans un regard que mes yeux m’ont menti
Et rien d’autre mon cœur que cette rêverie
Au bastingage lourd d’un bateau qui partit
Suis-je né dans l’exil et dans mon habitude
A chercher au métro le couloir étranger
Suis-je le prisonnier de cette servitude
Qui nous fait dire blanc dés lors qu’il a neigé
Mon cœur est un touriste aux étapes d’ennui
Je ne visite rien qu’un souvenir qui râle
Hôtel tout n’est qu’hôtel pour allonger la nuit
Ah ! la fiche à remplir testament des escales
Je connais sous les ponts à l’écoute du fleuve
L’impassible dialogue et les mornes questions
Que se pose un maudit à qui manque la preuve
Qu’il est juste pour lui de dormir sous un pont
Verrai-je un nouvel an aux couleurs de cerise
La rue blonde au pavé d’un jour du mois de mai
Et vers le Djebel Ouach quand bavarde la brise
Tous ces rêves noyés d’un lac aux yeux fermés
J’ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes
Ai-je connu la ville où hier un attentat
Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne
Au non-sens effréné qu’on appela Cirta ».
Malek Haddad
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Posté par khalfi1 le 9 juillet 2009
Joli petit poème

J’accepterai la douleur
D’accord aussi pour la peur
Je connais les conséquences
Et tant pis pour les pleurs
J’accepte quoi qu’il en coûte
Tout le pire du meilleur
Je prends les larmes et les doutes
Et risque tous les malheurs
Tout mais pas l’indifférence
Tout mais pas le temps qui meurt
Ni les jours qui se ressemblent
Sans saveur et sans couleur
J’apprendrai les souffrances
Et j’apprendrai les brûlures
Pour le miel d’une présence
Le souffle d’un murmure
J’apprendrai le froid des phrases
J’apprendrai le chaud des mots
Je jure de n’être plus sage
Je promets d’être sot
Je donnerais dix années pour un regard
Des châteaux, des palais pour un quai de gare
Un morceau d’aventure contre tous les conforts
Des tas de certitudes pour désirer encore
J’échangerais mes années mortes pour un peu de vie
Je chercherais la clé pour un peu de folie
Je prends tous les tickets pour un voyage
Aller n’importe où mais changer de paysage
Effacer ces heures absentes
Et tout repeindre en couleur
Toutes ces âmes qui mentent et qui sourient
Comme on pleure
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Posté par khalfi1 le 7 janvier 2009
Tu me dis que ces vers sont obscurs et peut-être
Qu’ils le sont moins pourtant que je ne l’ai voulu
Sur le bonheur volé fermons notre fenêtre
De peur que le jour n’y pénètre
Et ne voile à jamais la photo qui t’a plu
Tu me dis Notre amour s’il inaugure un monde
C’est un monde où l’on aime à parler simplement
Laisse là Lancelot laisse la Table Ronde
Yseut Viviane Esclarmonde
Qui pour miroir avaient un glaive déformant
Lis l’amour dans mes yeux et non pas dans les nombres
Ne grise pas ton cœur de leurs philtres anciens
Les ruines à midi ne sont que des décombres
C’est l’heure où nous avons deux ombres
Pour mieux embarrasser l’art des sciomanciens
La nuit plus que le jour aurait-elle des charmes
Honte à ceux qu’un ciel pur ne fait pas soupirer
Honte à ceux qu’un enfant tout à coup ne désarme
Honte à ceux qui n’ont pas de larmes
Pour un chant dans la rue une fleur dans les prés
Tu me dis laisse un peu l’orchestre des tonnerres
Car par le temps qu’il est il est de pauvres gens
Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires
Aimeraient des mots ordinaires
Qu’ils se puissent tout bas répéter en songeant
Si tu veux que je t’aime apporte-moi l’eau pure
A laquelle s’en vont leurs désirs s’étancher
Que ton poème soit le sang de ta coupure
Comme un couvreur sur la toiture
Chante pour les oiseaux qui n’ont où se nicher
Que ton poème soit l’espoir qui dit A suivre
Au bas du feuilleton sinistre de nos pas
Que triomphe la voix humaine sur les cuivres
Et donne une raison de vivre
A ceux que tout semblait inviter au trépas
Que ton poème soit dans les lieux sans amour
Où l’on trime où l’on saigne où l’on crève de froid
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
Un café noir au point du jour
Un ami rencontré sur le chemin de croix
Pour qui chanter vraiment en vaudrait-il la peine
Si ce n’est pas pour ceux dont tu rêves souvent
Et dont le souvenir est comme un bruit de chaînes
La nuit s’éveillant dans tes veines
Et qui parle à ton cœur comme au voilier le vent
Tu me dis Si tu veux que je t’aime et je t’aime
Il faut que ce portrait que de moi tu peindras
Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème
Un thème caché dans son thème
Et marie à l’amour le soleil qui viendra
LOUIS ARAGON
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Posté par khalfi1 le 9 septembre 2008
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Posté par khalfi1 le 7 septembre 2008
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
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Posté par khalfi1 le 6 septembre 2008
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Posté par khalfi1 le 30 mai 2008
La poésie ressemble à de la musique. Et la musique est fille de la poésie. Les deux sont surtout humaines et soulèvent en nous des émotions indicibles. Les poètes sont des individus comme nous, mais ils ont le don de manier les rimes et de versifier les mots de façon à nous faire oublier notre condition humaine. Leur imagination, ou si l’on préfère, leur insipiration leur permet des arrangements que le commun des mortels ne saurait confectionner. Mais la tonalité de la poésie et de la musique est si universelle qu’elle passe par dessus toutes les frontières. Qu’on soit français, tibétain, chinois, africain ou américain, on n’a pas besoin de traducteur pour comprendre une mélodie de Beethoven ou pour apprécier une chanson de Charles Aznavour.
Le beau habite la poésie. Et la poésie se nourrit du sublime. Mais avant tout, un poète demeure un homme avec ses qualités et ses défauts, sa grandeur et ses faiblesses. Sa force principale réside néanmoins dans son aptitude à exprimer par écrit, ce que les autres ressentent au plus profond d’eux-mêmes. Il fait éclore en nous, des sentiments endormis et que nous étions incapables nous-mêmes de dire ou d’écrire. En quelque sorte, il est l’interprète des images et des visions enfouies dans l’inconscient ou le subconscient. Son art traduit justement cette capacité de transformer des rêves, des sensations intérieures, en vers ou en prose qui nous enchante et nous emporte vers des hauteurs féériques.
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