Rani Zaafane
Posté par khalfi1 le 18 novembre 2017
Publié dans actualité, Humour | Pas de Commentaire »
Posté par khalfi1 le 18 novembre 2017
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Posté par khalfi1 le 5 décembre 2008
une lecture de Daniel Ducharme
Je connaissais depuis longtemps la célèbre maxime de l’auteur de 1984 – «Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres» –, mais je n’avais encore jamais lu le roman d’où elle était tirée: La ferme des animaux, traduit autrefois par La République des animaux. Il s’agit d’un petit roman, pour ne pas dire un conte, de moins de 150 pages qui se lit d’une seule traite. Autrement dit: c’est passionnant.
C’est passionnant parce que, en un nombre restreint de pages, George Orwell résume l’histoire de la première moitié du vingtième siècle. Dans les faits, il résume l’histoire de la Russie soviétique, de la Révolution bolchévique de 1917 à la Guerre froide en passant par le Pacte germano-soviétique de la Deuxième guerre mondiale. Il résume l’histoire de la foi révolutionnaire qui animait les ouvriers et paysans, victimes du capitalisme sauvage. L’histoire de l’idéologie révolutionnaire aussi, de la bévue de ceux qui croyaient que la Révolution ne tiendrait pas deux ans. Enfin, il raconte les grandes trahisons: le travestissement de la figure légendaire de Lénine, le bannissement de Trotski et l’usurpation du pouvoir par Staline, chef suprême à vie du nouveau régime.
Tout cela, bien entendu, est une question d’interprétation car, dans La Ferme des animaux, ce sont les quadrupèdes qui chassent l’homme tyrannique de la ferme pour en assumer la gestion collective. Au début, l’animalisme – la théorie révolutionnaire véhiculée par les cochons, avant-gardes éclairés de la Révolution – assure la cohésion de la collectivité. Mais petit à petit les porcs prennent la direction des opérations de la ferme. Avec l’aide des chiens, ils bannissent Boule de Neige, le rival de Napoléon qui devient alors président «permanent» de la communauté. Commence alors le travestissement par l’idéologie des principes de départ. À la fin, les animaux vivent sous la domination des cochons, secondés par les chiens. Ils ont oublié leur vie d’antan et, tout en souffrant comme jamais, s’estiment tout de même heureux de s’être libéré de la tutelle des humains.
On sait que George Orwell a dénoncé la montée du totalitarisme du bloc communiste. L’a-t-il fait au profit du capitalisme occidental? Je crois que non. Témoin de son temps, il a vu des pays comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sombrer dans le même mal. Le personnage de Benjamin, l’âne cynique de La Ferme des animaux, donne à penser qu’au fond Orwell était animé par un profond pessimisme. En témoigne ce passage: «Seul le vieux Benjamin affirmait se rappeler sa longue vie dans le menu détail, et ainsi savoir que les choses n’avaient jamais été, ni ne pourraient jamais être bien meilleures ou bien pires – la faim, les épreuves et les déboires, telle était, à l’en croire, la loi inaltérable de la vie» (p. 139-140). Et la dernière phrase du roman confirme cet état des choses: «Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme; mais déjà il était impossible de distinguer l’un de l’autre » (p. 151).
Morale du conte de George Orwell: ne perdez pas votre temps à faire de la politique car rien ne peut vraiment changer chez les êtres humains.
Même si vous êtes nés après 1970 et que, en conséquence, vous n’êtes pas familiers avec l’idéologie «révolutionnaire» dont les représentants hantaient les couloirs des établissements d’enseignement dans les années soixante, il faut lire La Ferme des animaux car, sous la forme d’une parodie, d’un conte moral pour enfants, George Orwell met en lumière le penchant naturel de tout homme tenté par la politique: l’appétit pour le pouvoir qui, dans certains cas, conduit au totalitarisme.
Publié dans Humour, littérature | 3 Commentaires »