Les pavés du pardon Editions Brandon.
Posté par khalfi1 le 24 septembre 2023
- Parce que Kosta repart de Paris pour sa Bulgarie natale après la fin de son histoire d’amour parisienne avec Cécilia, au moment où le père de celle-ci est victime d’un grave accident cardiaque. Commence pour chacun d’eux une plongée dans le passé pour faire face à la crise du présent (ce qui est probablement la phrase que j’aime le plus rédiger pour introduire un roman) : retour chez sa sœur – mais pas ses parents – pour lui, confrontation à la vérité sur la disparition de sa mère pour elle – et son père. Mais ce ne sont pas tant 2000 kilomètres que des fantômes qui les séparent.
- Parce que ce roman est le retour sur une magnifique histoire d’amour entre deux jeunes gens, aussi ardente que terminée : le coup de foudre réciproque entre Kosta et Cécilia a été une évidence, mais leur rupture, aussi. Les fantômes du passé qui ne cessent de s’interposer entre eux sont bien trop envahissants – surtout quand ils deviennent bien réels… Francesca, Sacha, Kiro, une lignée sicilienne, une lignée bulgare : quelle histoire aurait pu résister à une telle foule ? Mais aussi… quelle séparation pourrait résister à une confrontation en règle avec ces mêmes ombres ?
- Parce que depuis du Bellay, on sait que voyager pour se trouver, c’est trouver qu’on n’avait pas besoin de voyager, mais qu’il a fallu ce voyage pour le découvrir – et fabriquer sa propre manière de se débrouiller avec ce paradoxe. Mais que se passe-t-il quand on voyage pour fuir ? Tout devient ouvert, et les lieux de son enfance n’ont plus de raison de rester ceux du refuge. Kosta s’est exilé de la Bulgarie, mais il y retourne pour tourner la page de sa parenthèse française. Duquel des deux pays réussira-t-il à repartir sans le fuir une deuxième fois ?
- Parce que le livre est tout autant une fine description du déracinement migratoire, que du décalage social. La beauté de Cécilia, serveuse au Montana, lui ouvre des portes ; mais cela lui donne la désagréable sensation de jouer « un jeu à contretemps », et la manière dont ces mêmes portes se dérobent est d’autant plus cruelle. Les tatouages de Kosta, serveur au Comptoir du houblon, le rendent tout aussi séduisant que suspect. Et lequel dit : « C’était une fois ce monde pénétré qu’on cessait d’en rêver » ? Peut-être l’un d’eux, peut-être les deux… peut-être vous, peut-être moi ?
- Parce que le roman nous livre une introspection croisée vraiment subtile sur les ambivalences auxquelles nous obligent nos fidélités à la famille, à l’amour et à nos racines. A la clé, le patient tissage d’une toile qui met tout en place pour que l’irruption d’une expression anodine dans les dernières pages fasse exploser l’émotion. Lisez ces mots : « Sicilia del nord ». Pour vous, ce n’est encore rien. Mais quand vous terminerez Les pavés du pardon, leur simple lecture fera monter en vous des larmes de soulagement et la sensation d’être enfin arrivé au port avec les personnages.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Alessio, le père de Cécilia, s’écroule, victime d’une crise cardiaque. Mais à quelques mètres, Kosta, qui a rompu avec Cécilia, ne s’en rend pas compte : il repart en Bulgarie sans se retourner. Tous ont un secret qui les a empêchés de bien s’aimer. Pour être pardonné, faut-il partir, ou revenir ?
Les personnages. C’est l’histoire de Cécilia et Kosta. Mais chacun cache une tombe sur laquelle il n’arrive pas à se rendre, qui l’oblige à fuir et à faire fuir l’autre. Et bien entendu, à se fuir. De doutes en trahisons, ne serait-ce pas l’histoire d’Alessio et de Francesca qui se rejoue à travers eux ?
Les lieux. « Gare-du-Nord » : le lieu de l’ancrage pour Cécilia, de l’exil pour Kosta. Mais aussi, le lieu où tout s’est plusieurs fois arrêté pour elle, et celui où tout pourrait commencer pour lui… A moins que tous deux s’en échappent ? En ce cas, quel rôle pourraient jouer la Sicile et la Bulgarie ?
L’époque. L’histoire se déroule d’avril à juin 2015. Mais en réalité, elle nous est racontée dans de constants allers-retours entre passé et présent, les récits des personnages principaux se complétant petit à petit jusqu’à un final qui les réinvente. Et réinventer 2015… qui n’en rêve pas ?
L’auteur. Spécialiste du marketing et de la communication, animatrice du site jesuisauteur.com, Raphaëlle Beguinel est revenue aux sources de l’écriture au tournant de la trentaine. Son premier roman met en scène des « Millenials » complexes, loin des clichés sur leur génération. Ça fait un bien fou !
Ce livre a été lu avec le bonheur tourner avidement les pages d’un livre qui est aussi un très bel objet : petit, compact, sobre, d’une élégante couleur crème, imprimé sur un beau papier… incontestablement un très beau cadeau, que je vous engage à (vous) offrir sans modération !
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.