La chance de ne pas en avoir de Sylvain Guillaumet.

Posté par khalfi1 le 19 mai 2021

Un homo sapiens dessinant son cauchemar. Un homme d’affaires coincé dans les toilettes d’un aéroport. Dans une maison de retraite, les retrouvailles d’un aide-soignant et du prince noir de son enfance. Une inconnue croisée dans le métro. Les personnages de Disney engagés dans une lutte sociale. Un courtisan du roi à la vue altérée et la prostate fragile

Ces 250 micro-nouvelles de même forme (1000 caractères) sont avant tout une invitation à un voyage débridé. Les époques et les lieux sont traversés allègrement. On y croise des personnages de tout âge, de tout milieu, de tout caractère, de toute destinée. Les situations se succèdent dans une grande variété de tons : drôle, tragique, réaliste, poétique, pamphlétaire, intime…

Léger et virevoltant, ce ballet de contes n’est pas pour autant dénué de sens cachés et de ressentiments profonds. Par exemple, ce dictateur glissant sur une page envolée d’un livre interdit.

Il s’agit de plusieurs nouvelles paraissant indépendantes les unes par rapport aux autres mais liées par le même contexte psychologique, à savoir celui de donner des vues multiples avec un même cheminement intellectuel de la part de l’auteur. Une grande variété de personnages et des situations imbriquées dans des histoires distinctes, comme les marches d’un escalier dont on n’arrive à distinguer ni le début, ni la fin.. comme signalé dans les accroches du texte « c’est un voyage, ou plutôt plusieurs voyages dans le temps et dans l’espace, avec différents épisodes et différents acteurs » . Est-ce un pamphlet ou une tirade poétique ou une pièce de théâtre tragique. On ne saurait l’affirmer avec certitude, tellement les mots et les phrases de ces mini-nouvelles se succèdent sans interruption, dans une folle farandole, dont le déploiement est quand même bien maîtrisé. En tout cas, il est difficile de faire un résumé fidèle de toutes ces destinées qui se croisent et s’entrecroisent, sans jamais se confondre entièrement, à l’instar d’une gerbe d’étoiles filantes..

La recette de ces combinaisons littéraires et ces textes sous des formes ramassées semble bien .réussie. C’est une sorte de labyrinthe où se créent un vaste tableau avec des échantillons littéraires savamment tissés par l’auteur. Pourtant, à la lecture de toutes ces variantes de l’écriture, on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur cette particularité de l’auteur, qui au lieu de nous présenter un récit uni, préfère axer son imaginaire sur la création de ces multiples micro-nouvelles souples, éparpillées et originales. Comme une quête d’une mémoire ressuscitée à chaque page de ce livre, avec des personnages des lieux et des décors différents.

Le style est alerte et l’auteur jongle avec les mots et les phrases, à telle enseigne que le lecteur glisse sur les titres des nouvelles, avec une grande facilité : On se demande alors s’il a la chance de ne pas en avoir. On marche sur une corde mais on n’a pas peur de tomber, tellement l’équilibre se nourrit de lui-même.

La chance de ne pas en avoir.
Album : La chance de ne pas en avoir.

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