Juges et coupables, de Guillaume Herambourg.
Posté par khalfi1 le 10 juin 2020
Roman original et compliqué en même temps. On y entre difficilement et on en sort difficilement. Il faut sans cesse le relire pour comprendre le sens véritable des mots, des phrases et des paragraphes. L’auteur procède par bonds successifs, par saccades, par touches intelligentes qui permettent au fur et mesure de la lecture, de rentrer dans l’histoire. On croit au début, lire un thriller à suspense avec une intrigue bien ficelée. En fin de compte, on se trouve plongé dans une autre atmosphère. Il s’agit d’énigmes psychologiques tissées avec une certaine aisance de la plume. Et où sont les juges, où sont les coupables où sont les victimes ? Le juge juge-t-il vraiment les coupables et se juge-t-il lui-même ? Peut-il vraiment assener des sentences s’il ne se maîtrise pas lui-même et s’il ne maîtrise pas les outils de sa profession ? Quelles sont les vraies victimes ? Là sont les vraies questions du problème.
L’absence de linéarité du récit n’empêche pas de faire des efforts de réflexion pour pénétrer dans le monde abstrait et concret à la fois, créé ainsi par l’écrivain. Le style prismatique employé et les idées formulées permettent d’embrasser le plan global mis en chantier. Je pense qu’il faut posséder un certain niveau intellectuel pour mieux appréhender les diverses facettes et les diverses péripéties du roman.
Luce et sa délinquance, Lucia et son journal intime, Jack et son côté machiavélique, évoluent tantôt ensemble, tantôt séparément mais se complètent toutefois. L’écriture contient beaucoup de profondeurs philosophiques, psychologiques, métaphysiques, sans perdre sa qualité littéraire, pourtant renfermant par moments, un vocabulaire de choc, haut en couleurs, cru, difficilement appréciable en ce qui me concerne…
Et comment distinguer entre l’excellent et le médiocre, le bon et le mauvais, le gentil et le méchant, la blancheur et la noirceur des gens qui nous entourent ? L’angle de perception de l’histoire dépend de la sensibilité propre à chacun. Il n’en demeure pas moins que la complexité du texte oblige les simples lecteurs que nous sommes à se poser de nombreuses questions sur la société dans laquelle nous vivons, sur les aléas de la destinée, les écueils rencontrés dans notre parcours de tous les jours, les pièges à éviter. L’être humain est fragile, saisissant par sa simplicité et aussi par les détours qu’il emprunte pour mieux s’affirmer ou se perdre. Les métaphores et les digressions utilisées emportent le lecteur vers une frontière créée entre un monde réel et un monde virtuel. Tout ceci est intriguant, curieux, rébarbatif par endroits.
Lecture à recommander pour les amoureux du genre, du hors du commun, et sortant du style habituel des thrillers classiques et traditionnels. Le thème et les personnages mis en avant méritent qu’on s’y attarde, ne serait-ce que pour mieux entrer dans le bain de ce roman au caractère nouveau et particulier.
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