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Un peu d’histoire, du côté de Annaba. Tiré du récit des capitaines Rozet et Carette

Posté par khalfi1 le 2 septembre 2017

…Vers la fin de 1841, un marabout de la tribu des Beni-Mohammed, qui occupe le cap de Fer à l’extrémité de la chaîne de l’Edough, s’imagina que la Providence l’avait choisi pour être le libérateur de sa patrie. Il se mit donc à parcourir toutes les tribus de l’Edough et à y prêcher la guerre sainte. De là, il pénétra dans les montagnes du Zerdêza qui s’élèvent de l’autre côté du lac, dans l’espace compris entre Constantine, Guelma, Bône, Philippeville et El-Harrouch.

Quoique les populations de ces montagnes ne soient pas plus belliqueuses que ne le sont en général les tribus de la province de Constantine, cependant Si-Zerdoud parvint à trouver des auditeurs qui crurent en lui et prirent les armes.

Deux actes d’hostilité préludèrent à cette petite croisade : un officier envoyé avec une faible escorte sur le marché des Beni-Mohammed près du cap de Fer y fut assassiné de la main même de Zerdoud. Peu de temps après le camp d’El-Harrouch fut attaqué par les tribus du Zerdêza, à la tête desquelles figurait encore Zerdoud.

…Informé de ces événements, le général Baraguay d’Hilliers prit ses mesures pour mettre à la raison ce fanatique et ses adhérents.

Trois colonnes partirent à la fois de Constantine, de Philippeville et de Bône et se dirigèrent vers le massif isolé de l’Edough. La vigueur et l’ensemble de ces opérations combinées ne tardèrent pas à amener la soumission du Zerdêza.

Cependant, Si-Zerdoud retiré dans le Djebel-Edough, y continuait ses prédications et y entretenait la résistance. Mais elle ne fut pas de longue durée. Les trois colonnes pénétrèrent dans la montagne par la plaine du lac, c’est-à-dire par le sud, et après avoir traversé la chaîne à la hauteur du port de Takkouch, finirent par acculer les insurgés dans la petite pointe de terre occupée par le marabout de Sidi-Akkêcha.

Les montagnards demandèrent l’aman, qui leur fut accordé ; mais pendant les pourparlers de soumission un coup de fusil parti de la brousse vint blesser à côté du général un de ses mkahli ou hommes d’armes indigènes. Aussitôt la trêve fut rompue ; le général français indigné d’une aussi odieuse infraction aux lois de la guerre, donna l’ordre de tout massacrer, et cet ordre fut exécuté sur le champ. Quelques arabes placés dans l’impossibilité de fuir autrement, tentèrent un moyen désespéré de salut en se jetant à la mer : ils se noyèrent ; les autres, au nombre d’une centaine, furent impitoyablement égorgés.

…Cependant, l’auteur  de l’insurrection, le marabout Zerdoud n’était point au nombre des victimes ; on sut bientôt qu’au moment où les Arabes s’étaient décidés à demander l’aman, il s’était jeté dans les bois avec quelques partisans exaltés, et avait ainsi échappé au massacre.

Quelques jours après un indigène se présentait à la porte du commandant supérieur de Philippeville, et demandait à lui parler en secret. C’était le secrétaire de Zerdoud ; il venait offrir de livrer son maître.

Une petite colonne partit aussitôt sous la conduite de ce guide et força la marche en suivant ses traces. Elle pénétra dans les montagnes par les forêts qui en couvrent les versants méridionaux au sud de Sidi-Akkêcha. On arriva ainsi au-dessus d’un ravin profond recouvert d’épaisses broussailles. Alors, le guide, élevant la main dans la direction où la gorge paraissait se rétrécir et s’approfondir le plus, dit à voix basse au chef de la colonne : c’est là.

A l’instant les soldats se mirent en devoir de cerner le point indiqué ; mais avant que ce mouvement ait pu s’exécuter d’une manière complète le bruit de la marche des troupes dans le fourré s’était fait entendre jusqu’au fond de ces retraites silencieuses.  Tout à coup, le massif de broussailles qui cachait le fond du ravin s’agita d’une manière étrange. Un homme en sortit. — C’est lui, dit tout bas le guide.

Aussitôt, le bruit d’une décharge de mousqueterie fit retentir les échos de la montagne.

Zerdoud tomba pour ne plus se relever.

Sa tête et son bras furent séparés de son corps, pour être exposés aux yeux de tous les Arabes, comme le seul acte de décès auquel ils pussent ajouter foi. C’était le moyen d’ôter tout prétexte à des contes absurdes et de prévenir de nouveaux malheurs. 

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