La prise d’Oran par Les Espagnols-1509- Récit des capitaines du génie Rozet et Carette.
Posté par khalfi1 le 19 août 2017
Un massif de montagnes que les marins désignent par le nom de cap Ferrat, sépare la baie d’Arzew de la baie d’Oran. C’est un amas de roches escarpées, d’éboulements naturels, de falaises déchiquetées, dont les nuances blafardes répandent une teinte générale de tristesse sur tout ce qui avoisine la mer. Mais le massif du cap Ferrat ne pénètre pas fort avant dans l’intérieur : car la route par terre d’Arzew à Oran se fait en plaine.
Arzew, avons-nous dit, a un bon mouillage et manque d’eau ; Oran a la qualité et le défaut opposés :elle est située dans la partie la plus reculée de la baie qui porte son nom , sur les deux rives d’un ruisseau qui lui donne en tout temps une eau limpide et abondante. Mais les navires ne peuvent mouiller devant la ville que pendant l’été ; après l’équinoxe d’automne, ils doivent se retirer, soit à Mers-el-Kébir, soit à Arzew. Même pendant la belle saison, le débarcadère cesse d’être praticable, dès que la brise du nord-est commence à fraîchir.
La prise d’Oran par les Espagnols suivit de quatre ans celle de Mers-el-Kébir ; elle fut provoquée par le double ressentiment d’une injure et d’un échec. Cela eut lieu en 1507, tandis que la garnison espagnole occupait Mers-el-Kébir. Les Maures firent une descente sur les côtes de la péninsule, surprirent une petite ville et massacrèrent tous les habitants. Le gouverneur de Mers-el-Kébir, Fernand de Cordoue, résolut aussitôt de venger cette insulte, mais il y mit peut-être trop d’empressement. Il sortit le 15 juillet, à la tête d’une colonne de trois mille hommes. Les Arabes ne paraissant pas, il crut qu’ils voulaient éviter le combat, et continua à avancer. Bientôt, il fut enveloppé de toutes parts et son corps d’armée taillé en pièces.
La nouvelle de ce désastre se répandit dans toute l’Espagne ; mais personne n’en ressentit plus de douleur que le cardinal Ximénès. Il pressa avec insistance le roi Ferdinand de consentir à l’expédition d’Oran.
Il ne fallut pas moins de deux ans à l’illustre vieillard pour déjouer toutes ces intrigues et sarcasmes qui suivirent sa proposition. Enfin la flotte réunie à Carthagène mit les voiles le 16 mai 1509. Ximénès, à la tête de quinze mille hommes s’était réservé la haute direction de l’entreprise ; le comte Pierre de Navarre devait commander les troupes.
Sous les murs de Mers-el-Kébir, Ximénès parut alors devant les troupes entouré d’une multitude de religieux en armes, précédés de la croix. Il voulait marcher à la tête de l’armée et la conduire au combat ; il n’y renonça qu’à regret, vaincu par les supplications des soldats et des chefs…
Le comte de Navarre fit aussitôt sonner les clairons ; les soldats s’élancèrent en criant Saint-Jacques, et gravirent au pas de course, les flancs abruptes de la montagne. Les Arabes font pleuvoir sur leurs ennemis une grêle de flèches et roulent des quartiers de rochers.
Enfin, les chrétiens parviennent à s’emparer d’une source d’où l’on aperçoit la ville ; Navarre y fit amener quatre coulevrines qui répandent dans les masses arabes la mort et la consternation. Profitant du premier instant de stupeur, il s’élance sur l’ennemi, le poursuit, le culbute, et reste maître du champ de bataille.
Ce fut Sosa, commandant des gardes du cardinal, qui le premier atteignit le sommet des murailles dominant la ville ; il courut à la citadelle, et en brandissant l’étendart de Cisneros, il cria de toutes ses forces ; Saint-Jacques et Ximénès ! Toute l’armée répéta ce cri de victoire.
La ville fut livrée au pillage et la population impitoyablement massacrée. On porte à quatre mille Maures qui périrent dans cette fatale journée. Huit mille furent prisonniers. Les Espagnols ramassèrent un butin immense.
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