Raphaëlle Giordano
Posté par khalfi1 le 2 août 2017
Publié dans culture, Fiction, librairie, littérature | Pas de Commentaire »
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C’est à cette époque que les Algérois, alors dirigés par une sorte d’aristocratie marchande, font appel, pour se protéger des Espagnols, à des corsaires turcs qui s’étaient acquis une grande réputation pour avoir aidé des milliers de Musulmans d’Andalousie (ceux qu’on nomme les Morisques) à échapper à l’Inquisition et à gagner le Maghreb. Ce sont les quatre célèbres frères Barberousse, surnom donné collectivement à tous ceux qui combattent les Espagnols, et qui dérive du nom de l’un d’entre eux Baba AROUDJ (en turc le « Père Aroudj »). Lui-même, son frère Kheir Eddine et leurs successeurs vont, à partir de 1516, jeter les bases d’un Etat algérien.
Ils repoussent victorieusement deux expéditions espagnoles, s’emparent de Penon, libérant ainsi le port d’Alger, et étendent bientôt leur autorité à tout le Maghreb central. Théoriquement, ils reconnaissent l’autorité du Khalife de Constantinople. Dans la pratique, le pouvoir réel est, de plus en plus, entre les mains de la milice locale turque. Au cours des années, s’ouvrira de plus en plus à des éléments d’autres nationalités, notamment à des chrétiens convertis qu’en Europe, on appelle avec mépris des « renégats ».
Ils sont nombreux dans la corporation des capitaines corsaires. C’est souvent parmi eux que le Khalife de Constantinople choisit son représentant, le « berlerbey », ou « émir des émirs ». Ainsi se succèdent au pouvoir des pachas aux noms pittoresques : Hassan le Corse, Ramdan le Sarde, Hassan II le Vénitien, Djaffar le Hongrois. On ne leur tient pas beaucoup rigueur de n’avoir découvert que tardivement la « vrai foi » et le plus souvent, dans d’aventureuses circonstances.
En France, toute une littérature : récits, romans, pièces de théâtre, dont les auteurs sont parfois parmi les plus grands – a préparé, malgré elle et bien longtemps à l’avance, la justification de Sidi-Ferruch : 1830 ne pouvait être que la victoire de la civilisation sur la barbarie, de l’humanité et du droit, sur la piraterie et de l’esclavage.
Les historiens plus soucieux de peindre la vérité que d’embellir encore ces images d’Epinal, démontrent aujourd’hui que l’activité de la course en Méditerranée a, toute entière, été surestimée, de même que l’importance du travail servile dans les pays barbaresques, à la fin du XVIIIième siècle et au XIXiéme siècle.
Si le père Dan qui vécut à Alger, peut parler de 25 000 captifs en 1637 (à cette époque la course est encore prospère), il n’en reste que 800 en 1788 et 122 en 1830, lorsque les Français occupent la ville. Rien absolument de comparable donc, à ces immenses troupes d’esclaves qui, au même moment, peuplent les champs de coton en Louisiane. Les galériens qui rament dans les navires, sont les plus à plaindre parmi les captifs chrétiens ; ils sont moins malheureux cependant que les Barbaresques prisonniers du roi de France : on ne les marque pas au fer rouge comme à Toulon, et on les laisse libres de pratiquer leur religion.
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