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Un film

Posté par khalfi1 le 28 novembre 2011

Melancholia : un grand Von Trier

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Publié le Samedi, 26 Novembre 2011 09:20

Par Candice Nicolas (Correspondante à Los Angeles du BSC NEWS) – BSCNEWS.FR / Le dernier Van Trier a déjà fait beaucoup parler de lui, au festival de Cannes notamment, puisque, d’un extrême à l’autre, il a vu son actrice principale remporter le prix d’interprétation féminine, et son réalisateur se faire congédier par la grande porte. Melancholia est un film sur la fin du monde qui en dit long sur nos peurs et nos fantasmes, sur nos vieilles institutions et nos futilités tellement humaines.

Une ouverture magistrale, symphonie Wagnérienne en vert et au ralenti, introduit une Kirsten Dunst (sans surprise), tantôt en jean t-shirt, tantôt en robe de mariée, attachée à sa nature de femme, au cœur de la nature même. Une entrée en matière succulente où la photographie fait des miracles et le cinéma confirme sa magie. Puis, un Von Trier, comme on l’attendait avec les ingrédients qui font qu’on l’adore ou qu’on le déteste, caméra à l’épaule, gros plans sur la famille dysfonctionnelle, les relations sadomasochistes, le tout sur un fond de dépression, agrémenté de crise de nerfs et de crises de larmes. Le premier chapitre nous relate les noces de Justine, la mariée dépressive, et Michael, un jeune époux qui y croit, le temps de la cérémonie, un petit tour et puis s’en va à l’aube. Le mariage, qui ne tient même pas jusqu’à la catastrophe et qui rappelle vaguement celui de 5×2 de François Ozon (2004), se tient dans la propriété du très riche John (Kiefer Sutherland, impressionnant), mari de la sœur aînée de Justine, Claire (Charlotte Gainsbourg, impeccable) qui gère la réception, les invités, et apparemment la vie de sa sœur, incapable de faire quoi que ce soit. Alors que Justine semble dénuée de tout sentiment, Claire, est en lutte avec un trop plein d’entre eux ; leur maman est exécrable (Charlotte Rampling, parfaite), leur père volage n’est pas méchant mais semble indifférent aux malheurs d’autrui. Un premier chapitre qui laisse donc à désirer, non parce qu’il dérange de vérité, mais parce qu’il met en scène des personnages, caricatures d’êtres humains et qu’il est difficile d’accrocher à leur histoire. La seconde partie du film est, elle, plus prenante, elle se concentre sur la descente aux Enfers de Claire, qui semblait la plus forte, la plus courageuse et la plus raisonnable des deux sœurs. La dépression a complètement conquis Justine qui vient s’écrouler chez elle, et elle tente de lui redonner gout à la vie, bien que, ironie totale, la fin du monde soit proche. En effet, Melancholia, une planète ennemie, menace de percuter la terre. John réconforte tant bien que mal son épouse, alors que leur fils se prend d’amitié pour sa tata dégénérée. La relation entre les personnages, tous parents, s’intensifie, se crédibilise. On attend avec les jeunes femmes l’impact fatal. Le monde mérite sa fin, et les hommes n’en parlons pas ; Justine nous le dit, John nous le prouve. A suivre ! Et à noter, au niveau du jeu, une Kirsten Dunst aussi émouvante que dans Virgin Suicide, autant dire qu’il faut aimer le genre, par contre, une interprétation magistrale de Gainsbourg, à se demander si on a donné la palme à sa cadette parce qu’on ne pouvait pas la lui donner deux fois de suite. Un fils Sutherland que l’on découvre, et que l’on apprécie dans son rôle de mari prévenant et pourtant aussi imparfait que les autres. Melancholia est donc un film à voir parce qu’il est inégal et imparfait, parce qu’il met en scène la petitesse des choses et la bassesse des hommes, parce que malgré ses longueurs et ses lenteurs, il reste un grand Von Trier, un tableau de la condition humaine sur fond de médiocrité inhérente, exaspérante et attachante.

Candice Nicolas est la correspondante à Los Angeles du BSC NEWS

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Journal d’une femme de chambre-Octave Mirbeau

Posté par khalfi1 le 27 novembre 2011

Le Journal d’une femme de chambre, d’Octave Mirbeau

Par (L’Express), publié le 23/11/2011 à 15:00, mis à jour le 25/11/2011 à 16:16

Le Journal d’une femme de chambre, d’Octave Mirbeau, relève de l’anarchisme esthétique, selon François Busnel. 

Un notable, grand de ce monde, qui prend plaisir à humilier une femme de chambre… Non, il ne s’agit pas de l’affaire qui agite la sphère politique française depuis le mois de mai dernier mais d’un roman publié en… 1900. Troublant? Relisons ce petit bijou d’humour et de férocité qu’est le Journal d’une femme de chambre, d’Octave Mirbeau

Célestine est femme de chambre et tient son journal intime. Elle y décrit par le menu ses rencontres avec des maîtresses indignes, des bourgeois brutaux et cruels, des serviteurs vils et fourbes. Célestine ne déteste pas la compagnie des hommes mais n’a rien d’une catin. Son destin raconte le mépris dans lequel on tenait alors (on tient toujours?) les bonnes, ces dernières n’acquérant quelque valeur « que lorsqu’elles servent d’exutoire au trop-plein sexuel du maître insatisfait des soins de Madame », comme le note très justement Noël Arnaud dans la préface qu’il offre à ce chef-d’oeuvre. La scène, hilarante et tragique, des bottines jaunes offertes par l’oncle fétichiste en est le bel exemple. 

Il faut que l’écrivain soit, en son âme et sa plume, anarchiste pour percer de la sorte les mystères de l’âme. Mirbeau débuta à droite de l’échiquier politique, s’abîma dans l’antisémitisme, traversa le miroir pour devenir un farouche partisan du capitaine Dreyfus, paya l’amende colossale infligée à Emile Zola après la publication de son « J’accuse » et brocarda d’une plume caustique les tenants de la réaction, dont il était pourtant issu. Immensément populaire en son temps, il défendit Monet et Pissarro contre les officiels, lança Van Gogh et Camille Claudel, aida Jules Renard et Alfred Jarry… Anarchiste, Mirbeau l’est surtout dans ses romans. Un anarchisme esthétique dont le Journal d’une femme de chambre montre la puissance, notamment dans la scène finale, où Célestine, devenue riche à son tour, devient ce qu’elle a dénoncé: Mirbeau se livre à une critique acide des vices des puissants mais aussi de la servitude et du mimétisme des domestiques, qui deviendront à leur tour de « nouveaux riches ». Comme tous les grands romanciers, il utilise la fiction pour décrire le monde dans lequel il se noie. Et, ce faisant, il anticipe le monde à venir. Le nôtre, où les grands se comportent avec les femmes de chambre comme jadis l’oncle fétichiste avec la soubrette. 

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Un roman

Posté par khalfi1 le 26 novembre 2011

Brigitte Giraud© Stock

 

 

Pas d’inquiétude de Brigitte Giraud, roman sur le bouleversement d’une vie

Par Olivier Flandin  Publié le 14/09/2011 à 17H35, mis à jour le 16/11/2011 à 16H37

Dans son sixième roman, Brigitte Giraud s’inspire d’une histoire vraie. Celle d’un père de famille qui s’est vu offrir des jours de RTT de la part de ses collègues pour l’aider à s’occuper de son fils gravement malade. Mais ce geste généreux n’est pas vécu comme un cadeau par cet homme qui a du mal à vivre son rôle de père au foyer alors que son épouse semble se réfugier dans son travail.

Au delà de la maladie de l’enfant, dont elle parle finalement très peu,  Brigitte Giraud montre surtout dans Pas d’inquiéude comment ce couple se débrouille au quotidien pour vivre une tragédie qui bouleverse leur vie telle qu’ils l’avaient rêvée. La moindre idée du père, faire une  promenade ou improviser une séance de bricolage dans le salon prend une dimension très sensible et courageuse. Cet homme dont on ressent toutes les difficultés,  les faiblesses et parfois la lâcheté,  trouve  ses propres solutions pour rester debout face à l’inacceptable. Il fait ce qu’il peut.
Une fois de plus, dans une écriture dense et fluide, Brigitte Giraud nous plonge avec beaucoup de naturel dans le quotidien et les pensées  de ses personnages, comme pour satisfaire une curiosité de l’auteur sur la capacité humaine à encaisser les coups durs et les tourments de la vie. Pas d’inquiétude nous parle aussi des difficultés des pères d’aujourd’hui, tiraillés entre vies professionnelles et familiales, contraints d’inventer de nouveaux modèles pour vivre au mieux la vie comme elle vient.

Pas d’inquiétude de Brigitte Giraud - Editions Stock – 270 p., 19 EUR.

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Paradoxe

Posté par khalfi1 le 25 novembre 2011

L’édition ou la publication de livres par les grandes maisons d’édition offre parfois des paradoxes saisissants et des jugements aléatoires. On raconte qu’un auteur friand de facéties, après avoir changé le titre  du Rouge et le Noir de Stendhal (ainsi que le nom de ce dernier) l’envoya à un grand comité de lecture composé, soi-disant, d’écrivains réputés, pour avis. Quelle fut sa surprise de recevoir un refus net de publier, basé sur le fait, que l’ouvrage ne répondait pas à la ligne éditoriale de la maison d’édition concernée. Les rédacteurs de la lettre de rejet, avaient même ajouté que l’histoire n’était pas tellement captivante et que le style employé était médiocre. Comme quoi, l’ignorance peut ne pas être l’apanage des seuls ignorants. Par conséquent, il est certain qu’il existe de grands écrivains qui sont restés dans l’anonymat. A l’inverse, les grands outils de la manipulation des esprits que sont les journaux, la radio, le cinéma, la télévision…etc   peuvent contribuer dans des proportions appréciables, à façonner les réputations surfaites.

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Issiakhem

Posté par khalfi1 le 25 novembre 2011

M’hamed Issiakhem ou l’œuvre en creux

Kateb Yacine et IssiakhemPar Kateb Yacine
Algérie Littérature Action N° 3 – 4

“On ne parlait presque jamais de sa peinture tant elle était, au sens littéral, indiscutable, dit Mimouni à propos d’Issiakhem. Son œuvre nous est en creux comme le moule pour l’objet moulé. Je veux dire essentielle. »

Je l’ai vu plus d’une fois, finir une toile en quelques heures, pour la détruire tout à coup et la refaire encore, comme si son œuvre aussi était une grenade qui n’a jamais fini d’exploser dans ses mains. En détruisant son œuvre, dans un suprême effort de tension créatrice, comme pour briser le piège ultime de la beauté, le peintre viole ses propres formes, car le démon de la recherche le pousse toujours plus loin. Mais toute création commence nécessairement par l’autodestruction (… )

On ne connaît encore que quelques unes de ses œuvres; c’est qu’Issiakhem est généreux. Il offre ce qu’il fait, ou s’en sépare pour survivre. Il habite un enfer où il faut faire feu de tout bois, et c’est lui-même qu’on voit brûler, d’un bout à l’autre de son œuvre. A cette extrême et haute tension, l’art est une catastrophe, un naufrage de l’homme, une vision de l’invisible et un signe arraché à la partie des morts. Mais l’enfer où il vit est la plus belle des fonderies, car c’est là qu’il travaille, avec la rage des fondateurs. Et ce travail se fait par bonds, ou par sursauts imprévisibles, un travail de volcan à l’intérieur de l’homme, pour qu’il puisse dire : “Je me suis fait moi même, je reviens du néant, et j’ai lutté contre la mort, grenade contre grenade.”




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Rien ne s’oppose à la nuit

Posté par khalfi1 le 23 novembre 2011

Rien ne s'oppose à la nuit 9782709635790

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

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Littérature-Journal l’événement

Posté par khalfi1 le 22 novembre 2011

Télévision et littérature : meilleurs ennemis du monde. La première est synonyme de divertissement voire de paresse quand la seconde est vecteur d’érudition et de savoir. L’antagonisme paraît irréductible. Pourtant, la littérature fait de la résistance et s’invite sur les plateaux de télévision ; mais à quel prix ? Quel traitement la télévision accorde-t-elle à la littérature ?

Personne n’a oublié que c’est Bernard Pivot qui a donné aux émissions littéraires leurs lettres de noblesse. En vingt et un ans se succéderont ‘Apostrophe’ puis ‘Bouillon de culture’, véritable messe du vendredi soir. Si l’on en croit Frédéric Beigbeder, le succès des émissions de Pivot tenait en la personnalité du présentateur : “Il aimait les écrivains. (…) Les gens achetaient les livres des auteurs invités chez Pivot parce que son regard pétillant parvenait à transmettre son plaisir de lecteur.” (1) D’ailleurs depuis le départ en retraite de l’inventeur des ‘Dicos d’or’, la donne a semble-t-il changé.

Début de nuit ou chaîne à l’audience confidentielle ?

Littérature-Journal l'événement 879_pivot Les émissions littéraires n’ont pas complètement disparu. Mais force est de constater qu’elles n’ont pas l’exposition qu’elles avaient au temps de Pivot. Elles doivent même se résoudre à une alternative des plus défavorables : être sur une grande chaîne au début de la nuit, à l’heure où se réunissent insomniaques et corps fatigués devant l’émission de Julien Courbet ou bien être programmé durant la journée mais sur une chaîne à l’audience plus confidentielle. Ainsi ‘Vol de nuit’, programmé à 1h sur TF1 réunit autant de spectateurs – à savoir autour de 500.000 – que ‘Le Bateau livre’ sur France 5, pourtant programmé à 11h… Un programme échappe à la règle : ‘Un livre, un jour’, qui réunit en moyenne près de 2 millions de spectateurs à 18h sur France 3. La différence, c’est qu’il ne s’agit que d’une séquence de 60 secondes, entre ‘C’est pas sorcier’ et ‘Questions pour un champion’… Il n’est pas sûr que les 2 millions de spectateurs aient sciemment choisi le programme proposé.

La littérature n’étant plus aussi vendeuse aux yeux des producteurs de télévision, elle s’est invitée dans des émissions aux thématiques plus larges : c’est le concept de l’émission culturelle. Et il faut bien avouer qu’il est apprécié à en juger par la première saison très encourageante de ‘Ce soir ou jamais’, présentée par Frédéric Taddéï, qui rassemble en moyenne 1,3 million d’aficionados.

Ruquier : le passage obligé

879_ruquier Mais c’est surtout dans les émissions de divertissement que l’on parle le plus du livre, ou plutôt du “bouquin” puisqu’il est le seul vocable utilisé quand l’audience est la plus forte. Laurent Ruquier et sa bande de chroniqueurs réunissent en leur nom pas moins de 3,5 millions de téléspectateurs. Inutile de demander où il faut aller quand on veut vendre un livre… Le problème réside donc dans l’intérêt de la présence de la littérature à la télévision : va-t-on à la télévision pour vendre un produit, ou y va-t-on pour parler tout simplement de littérature ? Il semblerait que la promotion soit devenue le nerf de la guerre. On peut éventuellement parler de l’histoire, mais surtout pas de style, d’influence ou même de notre héritage, palabres qui pourraient faire fondre les précieuses parts de marché qui décident à elles seules des revenus publicitaires de la chaîne et donc des émissions.

Quand un écrivain se déplace à la télévision, il doit bien présenter, savoir répondre sur tous les sujets, y compris l’actualité surtout quand elle est lourde, avoir de la repartie et si possible un sens inné de la provocation. Sans quoi l’accès au plateau lui sera interdit. Il faut donc trouver de bons clients. Ils sont rares. Et il faut les préserver. Voilà pourquoi les invités enchaînent plateaux sur plateaux, donnant l’impression de déjà-vu dès que l’on zappe d’une émission à une autre. En contrepartie, leur livre recevra l’éclairage nécessaire à leur succès. Pendant longtemps, passer dans l’émission ‘Tout le monde en parle’, présentée par Thierry Ardisson garantissait aux écrivains courageux, capables de supporter 4 heures de tournage, de passer les 100.000 exemplaires. Aujourd’hui, c’est la quotidienne de Ruquier qui tient ce rôle. Mais il ne faudrait pas croire que les animateurs-producteurs prennent un risque démesuré : il n’y a guère qu’un livre présenté au milieu d’une multitude d’autres sujets, comme le rappelait avec lucidité Laurent Ruquier lui-même : “Nous nous en sortons grâce au mélange des genres. Si nous recevions trois auteurs de suite, nous tomberions comme Guillaume Durand et les autres en dessous de 10 %, voire de 5 % de part de marché.” (2)

Manger un fruit pourri pour donner de l’épaisseur

879_fogiel Finalement ce n’est pas la télévision qui est au service de la littérature mais bien la littérature qui est au service de la télévision. L’image domine sur le texte. Ce qui explique par exemple que de plus en plus d’éditeurs placent la tête des écrivains sur la couverture des livres. Albin Michel en a fait une spécialité et il n’est pas un nouvel opus d’Amélie Nothomb qui ne fasse apparaître sur la couverture le visage de sa très lucrative représentante. Comme une vitrine. Et une fois que l’image est connue, marketée, elle est prête à être consommée. Pour lui donner un semblant d’épaisseur, on demande aux écrivains une touche d’originalité, comme celle de manger un fruit pourri devant la caméra, ou encore celle de céder à la tentation de la confession. Plus l’image est sulfureuse ou pathétique, plus elle est porteuse.

La preuve en est de l’apogée de l’autobiographie, très en vogue dans les émissions de Ruquier ou de Fogiel. Traiter l’autobiographie permet d’inviter un people sans avoir l’air de le faire. La liste des invités s’allonge et l’on recherche les vrais écrivains… Les audiences télévisuelles ne sont elles pas en reste, les confidences de François Berléand ou de Patrick Sébastien étant beaucoup plus attractives que les écrivains de l’ombre… télévisuelle !

Littérature et politique dans la promiscuité

Finalement, l’écrivain qui veut exister passe presque autant de temps en représentation télévisuelle qu’en écriture, l’ancien fonds de son commerce. Le Clézio, interrogé par Franz-Olivier Giesbert dans la dernière émission de la saison 2007 expliquait que le problème n’était pas que les écrivains passaient à la télévision, mais qu’ils y consacraient plus de temps qu’à écrire leur manuscrit.

879_fog Il n’est donc plus question d’écriture mais d’interview. Le temps consacré à expliquer sa vie et son livre prime sur le contenu de l’ouvrage. Et plus l’invité est populaire et connu, plus il fait grimper les audiences et les ventes. C’est en partie la raison pour laquelle la télévision a tendance à assimiler livre et politique. Certes, en cette année de campagne présidentielle, il n’y a rien d’étonnant à cela. Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin n’ont ainsi raté aucune occasion pour vendre ‘La Femme fatale’, Le livre qui révélait que François Hollande et Ségolène Royal n’étaient plus un couple : ‘Le Grand Journal’ de Canal +, ‘On a tout essayé’ et ‘On n’est pas couché’ sur France 2, ‘T’empêches tout le monde de dormir’ sur M6, ‘Chez FOG’ sur France 5… Sans compter toutes les apparitions déguisées comme dans ‘C dans l’air’. Preuve s’il en fallait que la politique se vend bien. Mais l’on aurait tort de croire que cette année d’élection fait exception : en 2007 Franz-Olivier Giesbert, dans son émission hebdomadaire modestement appelée ‘Chez FOG’, et dont l’hymne est “l’émission qui met l’écran au service de l’écrit”, a réuni 18 politiques sur les 22 écrivains qu’il a invités. En 2006, c’étaient 15 politiques… sur 15 ! La confusion des genres n’est pas loin.

Le concept moderne de l’écrivain polyvalent

879_beigbeder Confusion des genres aussi autour de Frédéric Beigbeder. C’est avant tout en sortant ‘99 francs’ qu’il s’est invité sur la scène médiatique. Aujourd’hui tour à tour homme de télé, écrivain, critique littéraire, directeur de collection, il est celui qui a le mieux profité de l’interconnexion entre littérature et petit écran. Au point même de déranger, les écrivains comme les professionnels de la télé. Pour autant, son intronisation dans le milieu télévisuel lui enlève-t-elle son étiquette d’écrivain ? Et si l’écrivain moderne était un écrivain polyvalent ?

Le cas Beigbeder reste néanmoins une exception. Et les écrivains, même s’ils sont des habitués des plateaux télé, sont avant tout des hommes de lettres, dont la passion pour l’écriture prime sur le reste. Et en cherchant bien, on finit par en retrouver la trace : ‘Le Bateau livre’, ‘Vol de nuit’, ‘Tropismes’, ‘Café Picouly’, ‘Les Livres de la 8’, ‘Bibliothèque Médicis’ pour ne citer qu’elles. Finalement, rares sont les espaces où la promotion n’est pas seule à être mise en avant. Et encore plus rares sont celles qui parlent de la littérature en général, et des écrivains du passé, notre panthéon littéraire. Maupassant a récemment été au coeur d’une série de soirée en prime time sur France 2, en s’offrant le luxe d’arriver en tête des audiences. Mais seulement parce que Maupassant y était revisité par de grands réalisateurs et une pléiade d’acteurs de renom. La littérature, celle de Molière, Flaubert et Stendhal n’a donc qu’un seul espace à la télévision : celui de la fiction. Le temps des grands débats littéraires et des discussions sur le style est apparemment révolu. Reste Internet où l’on prend encore le temps de se lamenter de cette désertion de la littérature à la télévision…

(1) Cité dans Lire, mai 2004.
(2) Cité dans
Livre hebdo, numéro 682, mars 2007.

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Une vie brisée

Posté par khalfi1 le 21 novembre 2011

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Che Guevara

Posté par khalfi1 le 19 novembre 2011

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Un génie de l’invention

Posté par khalfi1 le 15 novembre 2011

Téléchargez le livre numérique:  Steve Jobs

Un génie de l'invention dans actualité ButtomBrowse

Steve Jobs
CarreGris dans littérature Walter Isaacson Editeur : JC Lattès

   
 
   
 



Suggéré par le créateur d’Apple, qui fait face à une maladie redoutable, Steve Jobs,  à partir de plus de quarante entretiens menés sur plus de deux ans et d’interviews d’une centaine de membres de sa famille, amis, rivaux, concurrents et collègues, le livre retrace l’incroyable vie et l’extraordinaire personnalité d’un génie, perfectionniste et hyperactif, qui a révolutionné les ordinateurs, les films d’animation, la musique, les téléphones, les tablettes tactiles et l’édition numérique. Steve Jobs est désormais l’icône absolue de l’inventivité. Il a compris qu’associer la créativité à la technologie était devenu essentiel. Steve Jobs a bien sûr collaboré au livre mais n’a demandé aucun droit de regard sur ce qui est écrit, ni même de le lire avant la publication. Il n’a imposé aucune limite, au contraire, il a encouragé son entourage à parler librement. « Il y a beaucoup de choses dont je ne suis pas fier, dit-il, notamment la façon dont, à vingt-trois ans, j’ai géré la situation lorsque ma petite amie est tombée enceinte. Mais je n’ai pas de cadavres dans le placard que j’essaie de cacher. » C’est avec une extrême franchise que Steve Jobs parle des personnes avec qui il a travaillé ou été en concurrence. Il peut profondément exaspérer les gens autour de lui. Ses amis, ennemis et collègues évoquent sans langue de bois ses passions, ses démons, ses désirs, son intransigeance, et son obsession du contrôle qui ont forgé sa vision des affaires et les innovations qui en ont découlé. La personnalité de Steve Jobs et les produits qu’il crée sont étroitement liés, comme les différentes parties d’un système intégré – tous les produits Apple et ses logiciels participent de cette logique. Le parcours de Jobs est exemplaire, un modèle en terme d’innovation, de caractère, de direction d’entreprise et de valeurs.

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Malcolm de Chazal, le magicien mauricien

Posté par khalfi1 le 12 novembre 2011

 

Disparu il y a trente ans, le grand auteur de l’île Maurice est parfois réduit à ses aphorismes, alors qu’il a tout expérimenté : poésie, théâtre, essais mystiques, et même peinture.

Jamais le poète n’est plus vivant que quand il est mort »… Cette phrase écrite en 1954 par l’artiste intégral mauricien Malcolm de Chazal (1902-1981) dans un vibrant hommage à un ami poète décédé s’applique aujourd’hui à sa propre personne. Trente ans après son décès, l’île Maurice rend hommage à travers une Année Malcolm de Chazal à celui que Jean Paulhan et plusieurs surréalistes qualifièrent de génie lors de la sortie en 1948 du recueil d’aphorismes Sens-plastique (Gallimard). Les fulgurances que recelait ce livre révélaient alors un regard neuf, fait de correspondances à la fois étranges et saisissantes sur la vie, le monde, l’amour, la foi, la nature, Dieu, l’univers… Ces mêmes « expériences à l’état brut » – l’expression est de Jean Paulhan – appréciées pour leur force et acuité et qui le firent admirer par beaucoup allaient paradoxalement l’enfermer pour longtemps dans un carcan !

Pour beaucoup, en Europe surtout, Malcolm de Chazal est aujourd’hui encore un simple concepteur d’aphorismes et, pour une petite élite, un peintre. Il suffit de taper son nom sur Internet pour avoir en réponse plusieurs centaines de pensées étalées sur divers portails, présentées tantôt comme proverbes et tantôt comme « pensée du jour »… Cette approche réductrice provient probablement du fait qu’après les deux ouvrages publiés chez Gallimard à la fin des années 1940, il a fallu attendre vingt ans avant que des éditeurs parisiens ne lui ouvrent de nouveau leurs portes. Ce fut le cas avec Jean-Jacques Pauvert qui publia Poèmes en 1968, puis L’Homme et la Connaissance en 1974, mais il était trop tard pour que Chazal puisse faire connaître le riche parcours créatif effectué depuis 1949. Encore eût-il fallu qu’il souhaitât le faire ! De toute façon, il avait déjà définitivement renoncé à l’écriture d’aphorismes, qui ne fut son médium d’expression que de 1940 à 1948.

Avant de se lancer dans les aphorismes, Malcolm de Chazal avait écrit de 1935 à 1940 quatre essais d’économie politique inspirés par ses premières expériences professionnelles. Car, ingénieur en technologie sucrière formé à Baton Rouge en Louisiane de 1918 et 1925, il avait tenté, de retour à Maurice, de travailler pour les industries d’abord du sucre, puis du textile à base d’aloès, des expériences finalement malheureuses face à un patronat qu’il jugeait égoïste et détestable. Comme il le dit lui-même dans Autobiographie spirituelle (publié de façon posthume en 2008), « je lâchai tout – le diplôme d’ingénieur aux orties » pour devenir un petit fonctionnaire au département gérant alors l’électricité et le téléphone… Vint ensuite la période des aphorismes dont il a été question.

Après La Vie filtrée en 1949, d’autres aventures créatrices l’attendaient, et celles-là ne sont guère connues du lectorat hors de Maurice – voire des Mauriciens eux-mêmes ! – car ces oeuvres n’ont été publiées qu’à 100 exemplaires, à compte d’auteur, dans une petite imprimerie de Port-Louis. De 1950 à 1954, Malcolm de Chazal écrit quinze pièces de théâtre dont plusieurs portent sur des sujets bibliques. Une seule de celles-ci, Judas, sera jouée de son vivant, en 1960. Il cessa en 1954 d’avoir recours au théâtre, qui avait été pour lui cette parole en trois dimensions qu’il recherchait pour donner plus d’ampleur à son message. En effet, dès 1950, des préoccupations nouvelles liées à la foi et à Dieu l’habitent et prennent progressivement possession de son énergie créatrice. De 1950 à 1956, Malcolm de Chazal rédigera et publiera vingt-neuf essais métaphysiques de haut niveau, le tout également publié à 100 exemplaires, à compte d’auteur et par la même petite imprimerie de la capitale. Le rythme de parution de ces ouvrages montre bien la fébrilité de l’auteur : quatre en 1950, six en 1951, onze en 1952, six en 1953… Il publie entre autres des réflexions philosophiques sur des sujets de spiritualité et ces ouvrages, fortement imprégnés par la mystique ésotérique de Swedenborg – dans laquelle Malcolm a été élevé -, s’intitulent : La Pierre philosophale, La Clef du cosmos, Mythologie de Crève-Coeur, La Grande Révélation, Le Livre de conscience, Le Livre des principes, L’Évangile de l’eau… Cette même période verra en 1951 la sortie de Petrusmok. Mythe, ouvrage par lequel Malcolm de Chazal revisite son île, la recrée en un univers de féerie digne de cette Lémurie engloutie dont Maurice ne serait qu’un des pics émergés et dont les montagnes auraient été sculptées par des géants lémuriens jusqu’à en faire des supports de légendes gravées dans le basalte…

L’admiration de Senghor

Malcolm de Chazal se mit à la peinture précisément en juin 1958, créant petit à petit cette métapeinture si rejetée par ses compatriotes qu’il fit brûler 147 toiles sur une plage en 1974… Ce qui ne l’empêcha pas de réaliser des milliers de tableaux étonnamment colorés et vivants, ni d’exposer çà et là à travers le monde, de Milan à Dakar et de San Francisco à Paris. Ce nouveau médium d’expression est une autre écriture choisie par Chazal dans sa recherche de moyens efficaces pour faire entendre son message. Vinrent ensuite les poèmes ( Sens magique en 1957, Apparadoxes en 1958…) suivis de synthèses philosophiques ( L’Homme et la Connaissance et Sens-unique, 1974)… Un des éminents admirateurs de l’oeuvre chazalienne – peinture et écriture comprises – a été le poète-président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Lorsque celui-ci découvrit l’oeuvre de Malcolm de Chazal, sa réaction fut immédiate : cette écriture poétique ne pouvait être comparée qu’à « un geyser de sève, un torrent de laves, une brousse de métaphores ». Puis vint la découverte de la peinture de Chazal, une peinture qui, selon les mots mêmes de Senghor, fait de lui « malgré son sang et les apparences [...] un des peintres africains les plus authentiques ». Enfin se produisit la rencontre sur la plage du Morne dans le sud-ouest de Maurice en 1973, rencontre que Senghor relate comme suit : « Je lui dis : « La première fois que j’ai lu Sens-plastique, votre chef-d’oeuvre, j’ai cru que vous aviez du sang noir. » Et lui, souriant, de me répondre : « Rien ne pouvait me faire autant plaisir. L’Art s’est réfugié, est revenu à ses sources : en Afrique et en Inde. » »

L’oeuvre de Malcolm de Chazal dépasse donc amplement la veine aphoristique à laquelle on avait pu le réduire en Europe. Et elle est encore plus vaste si l’on ajoute les quelque 980 chroniques de presse publiées entre 1948 et 1978, dans lesquelles Malcolm de Chazal livrait ses réflexions et analyses sur tous sujets dans deux quotidiens mauriciens et par lesquelles il affirmait sa présence indispensable dans le paysage culturel local.

Le public mauricien découvrit seulement en juillet 2011 la diversité du théâtre de Malcolm de Chazal à travers deux pièces datant de 1954 et que la Fondation Malcolm de Chazal a produites dans le cadre du premier Festival du théâtre chazalien. Ces deux pièces parlent d’amour, la première – Les Désamorantes – de l’amour entre les êtres, et la seconde – Le Concile des poètes – de l’amour comme ferment de l’harmonie universelle. Et l’on découvre que le langage de Chazal est neuf et qu’il apporte à cette thématique, que l’on aurait pu penser épuisée, des dimensions nouvelles et originales dans une approche scénique résolument contemporaine. De même, les inédits publiés au cours de cette Année Malcolm de Chazal démontrent que des facettes nouvelles de cet artiste sont à découvrir : un recueil de contes tel Histoires étranges, suivi de Fabliaux de colloques magiques publié chez Arma Artis début 2011, un recueil de poèmes, Humour rose, et bien d’autres contes encore à paraître avant la fin de l’année.

Dès ses débuts en écriture et jusqu’à ses toutes dernières oeuvres, Malcolm de Chazal avait une expression fétiche : « au-delà de ». Ainsi fallait-il aimer, vivre, écrire, peindre, lire, s’exprimer… au-delà de soi-même ! Ce message d’indispensable dépassement résume pleinement la volonté de Malcolm de Chazal en tant qu’artiste intégral, profession de foi qu’il définissait dès le 14 octobre 1961 dans une chronique intitulée « Pourquoi écrire ? » dans le journal local Le Mauricien : « Pourquoi écrire ? Eh bien, parce qu’il faut que l’arbre donne ses fruits, que le soleil luise, que la colombe s’accouple à la colombe, que l’eau se donne à la mer, et que la terre donne ses richesses aux racines de l’arbre. Pourquoi écrire ? Mais afin de se donner. Et le don enrichit. Cette « richesse » grandit la personnalité. Et l’on monte. Où ? En soi-même. J’ai nommé la délivrance. Il n’y a pas d’autre forme de libération. »

Par Robert Furlong

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