Le maghreb du livre

Posté par khalfi1 le 11 février 2010

A l’initiative de l’association Coup de soleil, la plus grande manifestation éditoriale maghrébine au nord de la Méditerranée se tient ce week-end à Paris, à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Pendant deux jours, vivez-la en « direct » avec le Bondy Blog.

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Un soir de 1985, des amis, juifs, pieds-noirs, musulmans originaires du Maghreb, « une belle tchoutchouka » comme le souligne Georges Morin, assistent, impuissants, à la montée de la xénophobie. L’ancien instituteur né à Constantine préside l’association Coup de Soleil, créée dans la foulée de ce soir-là. Pour éradiquer « le cancer du racisme » – nous sommes dans les années d’ascension du Front national –, cette assemblée de copains décide de promouvoir la littérature maghrébine. Cela donnera très vite le Maghreb des livres.

  Cette année encore, l’accent est mis sur l’Algérie. Hasard du calendrier, on commémore le cinquantième anniversaire de la disparition d’Albert Camus, les quinze ans de la mort de Rachid Mimouni et les vingt du décès de Kateb Yacine.

 Cent vingt-six auteurs sont conviés. En plus de la production française, 1100 livres édités au Maghreb seront proposés aux lecteurs. Des nouveautés parues de l’autre côté de la Méditerranée. Des parutions en arabe mais aussi en tamazight complètent l’offre de littérature maghrébine que les visiteurs pourront découvrir

 L’évènement littéraire prend ses quartiers dans un lieu symbolique dont l’ambition est de souligner l’apport de l’immigration en France. La France et l’Algérie vivent des rapports passionnés. Une histoire d’amour et de désamour empreinte de cette « nostalgérie » décrite par les auteurs pieds-noirs. Cette histoire complexe est narrée en français. Un pli pris pendant la colonisation, que les auteurs contemporains n’ont pas défait. L’écrivain Kateb Yacine considérait la langue française comme une conquête à valoriser, un « butin de guerre ».

 La tradition littéraire algérienne prend sa source dans la colonisation. Aux premières heures de l’Algérie française, l’Orient faisait rêver et nombreux sont ceux qui ont voulu retranscrire l’exotisme des femmes, l’atmosphère et la beauté du pays colonisé. Eugène Fromentin, Alphonse Daudet, les frères Goncourt, Gustave Flaubert et André Gide se sont essayés à l’orientalisme et ont retranscrit une vision idéalisée du pays conquis. Durant l’entre-deux guerres les auteurs algériens se saisissent à leur tour de la littérature et décrivent leur réalité.

 On a coutume de considérer que le premier texte littéraire maghrébin de langue française important est de peu antérieur aux débuts de la Guerre d’Algérie. Ce texte, « Le Fils du Pauvre » de Mouloud Feraoun paru en 1950, mais composé dès 1939, est une autobiographie au déguisement volontairement transparent d’un instituteur issu de la paysannerie kabyle pauvre.

 Cette littérature se garde d’émettre des critiques trop virulentes à l’égard des colons, certains écrivains ayant des amis parmi les Pieds-Noirs. On songe ainsi à l’amitié profonde qui lie Emmanuel Roblès et Mouloud Feraoun, condisciples à l’Ecole normale. Il ne s’agit pas d’attiser les rancœurs mais de crever un abcès. Cette littérature agit comme un exutoire mais reste une littérature de compromis. Compromis entre le silence et la dénonciation violente des vexations subies en Algérie par les colonisés. Les paroles restent prudentes, il n’y a pas de revendications nationalistes claires.

 Au-delà des incompréhensions, des non-dits, le Maghreb des livres offre une occasion de découvrir ou redécouvrir cette littérature foisonnante dont l’histoire reste intrinsèquement liée à celle de la France.

 

Faïza Zerouala

Photo : Tewfik Bendaoud

Une Réponse à “Le maghreb du livre”

  1. 4aru7eb dit :

    Bonjour, Yacine, toujours agréable de venir te lire et aussi enrichissant
    Merci
    Bonne fin de journée
    Bises
    Suzanne

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