Mohamed Dib

Posté par khalfi1 le 25 juin 2009

“Mon père mourut alors que je venais d’atteindre mes onze ans et l’ayant perdu à cet âge, je me considérai comme quelqu’un qui n’eut jamais de père. Cela m’incitait curieusement à ne vouloir pas posséder d’amis ni même de simples camarades de jeu. Je ne jouais pas ; être seul, c’était ce que je désirais. Avec une volonté concentrée, j’écartais de moi l’écoulement régulier de l’existence de ma famille et je me réfugiais, haïssant toute sollicitude, dans des recoins difficilement accessibles, mais après avoir traversé dans tous les sens notre maison encore inconnue pour moi, lorsqu’il ne me resta plus rien à découvrir, je finis par me trouver seul. Pourtant je venais de comprendre qu’il ne me serait pas aisé d’éviter tout à fait la présence des hommes ou qu’il ne me suffirait pas seulement de le vouloir ; de bonne heure aussi j’appris à dissimuler, et en eusse tiré de la jouissance si là eût été uniquement mon but, mais mon amour-propre me vouait à une vie plus que jamais cachée et silencieuse.

 

Extrait de l’ami

 

 

Né à Tlemcen en 1920, MOHAMMED DIB est un écrivain majeur de notre temps. Son oeuvre, traduite dans de nombreuses langues, compte une trentaine d’ouvrages (roman, poésie, théâtre, essai). Mohammed Dib n’a eu de cesse, à travers une oeuvre protéiforme, de brouiller les repères et de pousser toujours plus loin les limites de son écriture, dessinant les contours d’un univers littéraire singulier, puisant à la source de ses racines algériennes et ouvrant sur les horizons infinis de l’universel. Prix de l’Union des Ecrivains Algériens en 1966, Grand Prix de la Francophonie en 1994, Prix Mallarmé pour son recueil de poésie L’Enfant-Jazz en 1998, Mohammed Dib est mort, en région parisienne, le 2 mai 2003

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