Un singe en hiver d’Antoine Blondin
Posté par khalfi1 le 24 avril 2009
- Nuit et jour trois cents avions américains, porteurs de bombes atomiques, tiennent l’air en permanence à moins de deux heures de leurs objectifs et n’attendent qu’un signal rouge, disait à ce moment Quentin. L’éventualité d’une mort instantanée est la seule question résolument posée à tous les instants et dans tous les esprits des habitants de cette planète, du moins chez les civilisés. Eh bien moi je réponds que je n’ai pas peur. Il faut savoir mourir- avec son temps, comme disent les braves gens. – Sacrilège, disait Fouquet. Si vous croyez que cette complaisance envers la mort est chrétienne, vous vous trompez. C’est beaucoup de présomption que de se précipiter ainsi vers le jury en acceptant qu’il abrège le concours. C’est préjuger de la qualité de votre copie. Etes-vous sûr d’abord d’avoir traité le sujet ? Moi pas. Avant de rendre la vie – je dis bien rendre – je veux conserver le plus tard possible la faculté de l’améliorer, je ne parle pas dans le sens d’un infléchissement moral, mais d’un épanouissement. J’ai fait, l’autre jour, la connaissance d’une très vieille dame qui semble s’être décidée à mettre les bouchées doubles au bord de la tombe. Elle est dans le vrai. Qui sait si nous ne serons pas comptables de toutes les joies que nous nous serons refusées, de tous les chemins que nous n’aurons pas suivis, de tous les verres que nous n’aurons pas bus. Il ne faut pas cracher sur les cadeaux de la création. Dieu déteste cela.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.