Posté par khalfi1 le 27 septembre 2008
Victor Serge
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Victor Serge, de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchiche (Bruxelles, 30 décembre 1890 – Mexico, 17 novembre 1947) était un révolutionnaire et écrivain francophone, né en Belgique de parents russes émigrés politiques.
Dès l’âge de quinze ans, alors qu’il était apprenti photographe, il milita dans la Jeune Garde socialiste, à Ixelles. Influencé par le socialiste français Gustave Hervé, il faisait montre d’un anti-militarisme virulent et s’opposait à la politique coloniale de la Belgique au Congo. En 1906, il commença à fréquenter les milieux anarchistes de Bruxelles. Tout en vivotant de métiers variés (dessinateur-technicien, photographe, typographe), Victor Serge écrivait dans diverses publications libertaires (Les Temps Nouveaux, Le Libertaire, La Guerre Sociale) et participait aux manifestations contestataires qui finissaient en bagarre avec la police, ce qui lui valut perquisitions et arrestations.
En 1909, il quitta la Belgique pour Paris, où il continua à écrire dans la presse anarchiste (L’Anarchie, le journal d’Albert Libertad, avec pour pseudonyme « Le Rétif ») et à tenir des conférences politiques. Influencé par la tendance anarchiste-individualiste, il s’inquiétait néanmoins de la dérive d’une partie de cette mouvance vers le banditisme.[1] C’est dans ce cadre qu’il fut impliqué dans l’affaire de la Bande à Bonnot. Pour avoir refusé de collaborer avec la police, il fut condamné en 1912 à cinq ans de réclusion, qu’il effectua de 1912 à 1916, en partie à la prison de la Santé. Il évoqua plus tard cette expérience dans son roman, Les Hommes dans la prison.
Parallèlement, il rejette ce qu’il nomme les « absurdités syndicalistes » d’une partie des anarchistes : « Pour les uns, il (le syndicalisme) allait par de sages et prudentes réformes améliorer sans fracas l’état social. Pour les autres (les anarchistes syndicalistes) il était la première cellule de la société future, qu’il instaurerait un beau matin de grève générale. Il fallut déchanter beaucoup. On s’est aperçu – du moins ceux que l’illusion n’aveuglait pas – que les syndicats devenaient robustes et sages, perdaient envie de chambarder le monde. Que souvent ils finissaient par sombrer dans le légalisme et faire partie des rouages de la vielle société combattue; que d’autres fois, ils n’arrivaient qu’à fonder des classes d’ouvriers avantagés, aussi conservateurs que les bourgeois tant honnis. » (L’Anarchie, n°259, 24 mars 1910)
Expulsé à l’issue de sa peine, il participa en juillet 1917 à une tentative de soulèvement anarchiste à Barcelone puis revint clandestinement en France où il fut à nouveau emprisonné. Pendant son internement, il s’enthousiasma pour la révolution russe. En janvier 1919, il fut échangé avec d’autres prisonniers dans le cadre d’un accord franco-soviétique et put gagner la Russie. Il évoqua cette période dans son livre Naissance de notre force.
Victor Serge adhéra au parti communiste russe en mai 1919. Son passage de l’anarchisme au marxisme, considéré comme un reniement par certains libertaires, l’amena à beaucoup écrire pour défendre le régime soviétique vis-à-vis de ses anciens camarades. Tout en expliquant ce qu’il considérait comme des erreurs de la part des anarchistes russes, il s’efforçait d’atténuer la répression à leur encontre.
Mobilisé à Pétrograd au moment de l’offensive des armées blanches de Youdenitch, épisode qu’il raconta dans La Ville en danger, il exerça diverses fonctions pour le parti : journaliste, traducteur, typo, secrétaire… En 1920 et 1921, il assista aux congrès de l’Internationale communiste et collabora dans les années suivantes avec Zinoviev à l’Exécutif de l’Internationale. Dans les années vingt, il écrivit des articles pour la presse communiste internationale, notamment dans l’Humanité et dans la Rote Fahne, et un essai sur les méthodes policières du tsarisme, intitulé Les Coulisses d’une Sûreté générale, nourri de l’ouverture des archives de l’Okhrana.
Depuis la Belgique, puis la France, Victor Serge dénonça les grands procès staliniens tout en prônant, en Espagne, un rapprochement entre anarchistes et marxistes pour assurer la victoire de la révolution. Soumis à une incessante campagne d’injures de la part de la presse communiste officielle, Victor Serge ne se rallia pas pour autant à la Quatrième Internationale. Bien que conservant une vive estime pour Trotsky (il écrivit d’ailleurs sa biographie en collaboration avec Natalia Sedova après son assassinat), il reprochait aux trotskystes d’être sectaires. Reconnu internationalement comme un écrivain et romancier de grand talent, il est également l’auteur des célèbres Mémoires d’un révolutionnaire (1901-1941). Sa brochure Ce que tout révolutionnaire doit savoir sur la répression analyse en détail le travail des services secrets et pourquoi il ne faut pas en avoir peur.
Victor Serge a aussi écrit Naissance de notre force (sur la société russe dans les années qui suivirent la révolution de 1917), Vie et mort de Léon Trotski, Le nouvel impérialisme russe.
Son roman S’il est minuit dans le siècle traite également des purges de l’ère stalinienne. Il mourut dans le dénouement en 1947
Vous m’apprenez à nouveau quelque chose Yacine, je ne connaissais absolument pas ce Victor Serge… après quelques recherches sur google, je constate que finalement l’engagement des intellectuels est assez étrange. En effet, ils sont souvent les partisans de grandes idéologies, leur terrain est la polémique et ils s’y affrontent en dénonçant une société coupable de trahir certaines vérités essentielles.
En principe, s’engager, c’est mettre toute sa force à la défense de son idéologie mais ça peut le conduire à précipiter son jugement et à perdre son objectivité. C’est le cas de Victor Serge…
Cela serait un sujet à discutailler sur l’Huître Perlière… pour un peu relancer le forum (qui semble dormir quelque peu depuis les vacances). Qu’en pensez-vous Yacine ?
Bonne journée dominicale à vous et à Licia…
Comme vous le signalez justement, Carine, Victor Serge n’est pas un écrivain ordinaire mais un romancier engagé. Après avoir été tour à tour, anarchiste, marxiste et trotskyste, il opta pendant un certain temps pour le communisme. Par la suite, voyant comment Staline dirigeait de main de fer l’Union soviétique, il ne cessa de dénoncer la dictature stalinienne. Ce qui lui valut d’ailleurs quelques déboires avec la Tchéka. Il n’en demeure pas moins un révolutionnaire « bouillant » au service d’une résistance acharnée contre le totalitarisme, le dirigisme et la bureaucratisation du système bolchevik.
C’est vrai que son engagement politique (comme André Gide!) qui a suivi un peu une courbe sinusoïdale et ambigüe, ne l’empêcha pas de prendre ses distances vis-à-vis de cette idéologie. Son enthousiasme du début de son militantisme se transforma en désillusion amère.
Oui, je suis d’accord pour faire des recherches approfondies sur Victor Serge et les auteurs similaires et débattre sur l’Huître Perlière. Qui ouvre la discussion?
Bien à vous et bon dimanche à vous et à Maïté.
Yacine