C’est son premier roman, La soif (julliard 1957) qui fait connaître au public, Assia Djebbar, actuellement seule femme maghrébine faisant partie de l’Académie Française. Sa façon de le traiter fait songer au livre de Françoise Sagan, Bonjour tristesse. Par la suite, elle rédige Les impatients, puis en 1963, Les enfants du nouveau monde. En 1967, sort le roman, Les alouettes naïves.
Commentant Les impatients, l’auteur déclare : » Ce que je voulais montrer ici, c’est la prise de conscience de Dalila, une jeune fille algérienne en révolte contre la tradition, son milieu, sa famille. J’ai voulu montrer combien dans ce monde calme, où rien objectivement n’avait encore changé, se développait un processus qui laissait deviner les bouleversements futurs ».
Dans Les enfants du nouveau monde, où les personnages évoluent avec comme toile de fond, la guerre d’Algérie, nous voyons apparaître une variété de femmes, allant des plus « traditionnelles » aux plus « émancipées ». De cette galerie se détachent Touma, Salima, Lila, Hassiba, avec le portrait changeant de Chérifa, qui, pour prévenir son mari de son arrestation imminente, n’hésite pas à se défaire des traditions pour mieux plonger dans le monde citadin.
Extrait des Alouettes naïves :
« Assis près du chauffeur, je regardais enfin les rescapés de la guerre : ils nous faisaient face, tournaient le dos à l’horizon, les « frontières », disaient-ils paisiblement, comme si, dressés devant le ciel, ce n’était pas au bord d’un cratère qu’ils attendaient mais tout contre l’avenir, ce mot riait de certitude au fond de leurs yeux hâves et bibliques, sur le visage tanné des femmes, les vieilles surtout qui devant nous s’étaient lamentées parce que leur réserve de tabac à priser s’épuisait et qu’elles ne sauraient prier, la gorge sèche tous ces jours durant, ces jours où la farine manquait, où les distributions de vivres se trouvaient retardées, pourquoi, c’était à nous de le dire, pourquoi et les jeunes filles, Danaïdes sauvages, habillées par la croix-rouge internationale, se fatiguaient à aller chercher de l’eau du seul puits, au delà des collines, qui ne s’était point asséché… »